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Évaluer la résilience des systèmes alimentaires

La sécurité alimentaire d’un territoire dépend du bon fonctionnement de plusieurs éléments clés et de leur interaction fluide les uns avec les autres. On peut considérer que cet ensemble constitue les besoins matériels du système. Ils correspondent notamment aux points suivants :

  • quantité et diversité de la production de nourriture ;
  • approvisionnement en eau des cultures ;
  • apports d’engrais pour le renouvellement de la fertilité des sols ;
  • disponibilité en semences adaptées aux conditions locales ;
  • fourniture d’outils et de machines pour les travaux agricoles ;
  • transformation, conservation et stockage des produits ;
  • transports des matières et des aliments ;
  • disponibilité en énergie pour la production de nourriture, sa transformation, son transport ;
  • gestion et valorisation des « déchets ».

Pour chacun de ces éléments, il est utile de définir des critères de résilience. Il peut s’agir de la diversité des exploitations agricoles, du nombre d’espèces cultivées sur le territoire, de la densité d’arbres sur les parcelles, du degré de dépendance au pétrole des fermes, du nombre moyen de kilomètres parcourus par les aliments, du niveau d’autonomie du territoire concernant les plants et les semences, du volume d’eau pouvant être mis en réserve par rapport à la consommation moyenne des cultures, du nombre de jours de réserves d’une ville en nourriture, etc.

Chaque critère de résilience doit s’envisager par rapport à différents types de perturbations extérieures. Par exemple, un système donné peut être robuste vis à vis d’une crise économique, mais vulnérable face à une sécheresse ou à une inondation.

Dans une approche de scénario, diverses ruptures seront supposées : les critères permettant au système de traverser le plus grands nombre d’entre elles seront alors mis en exergue.

L’un des objectifs du projet ORSAT est de mettre au point une méthode permettant d’évaluer qualitativement la résilience d’un système alimentaire à l’aide d’indicateurs de ce type.

Quels chemins prendre ?

Une fois que des objectifs d’amélioration des différents critères de résilience ont été définis, il faut s’interroger sur les moyens les plus efficaces pouvant être mis en œuvre pour y parvenir. Il s’agit des besoins opérationnels d’un plan de résilience alimentaire. Ils correspondent notamment aux éléments suivants :

  • protection du foncier agricole et aide à l’installation des paysans ;
  • changement des pratiques agricoles : espèces cultivées, besoins en eau, place de l’élevage, des arbres, matériel et produits nécessaires…
  • création de réseaux collaboratifs et de filières spécifiques pour assurer l’autonomie technique (outils et machines), énergétique  et agronomique (semences, engrais) des paysans ;
  • valorisation agricole des excrétats humains ;
  • développement d’unités de transformation locales ;
  • intensification du jardinage et de l’agriculture de proximité ;
  • mise en place de systèmes de transports alternatifs : cours d’eau, rail, énergie humaine ou animale ;
  • sensibilisation des citoyens : changements des habitudes alimentaires, réserves domestiques ;
  • formation des futurs travailleurs, soutien à la reconversion.

 

Dans le cadre du projet ORSAT, nous nous intéressons en particulier aux actions qui peuvent être portées et encouragées par les communes et les collectivités. Pour ce faire, nous nous inspirons des expériences d’hier et d’aujourd’hui et nous travaillons sur un projet concret de transition vers un système alimentaire résilient avec la communauté d’agglomération du Grand Angoulême.

Nous avons notamment l’intention d’étudier les problèmes de quantification des mesures à mettre en place, le coût et les bénéfices qui y sont liés, les méthodes de suivi des résultats, les collaborations pouvant être envisagées, les partenaires à mobiliser, les freins à l’action publique ou encore l’implication citoyenne.

Résultats et essaimage

Vu l’importance du sujet, il nous semble essentiel que les résultats de nos travaux soient accessibles à tous et puissent se diffuser largement et rapidement. Le rapport que nous avons écrit permet de donner quelques grandes lignes directrices et sources d’inspiration pour élaborer et mener à bien un projet de résilience alimentaire.

Un tel document n’a pas vocation à devenir une solution clé en main. Chaque territoire possède en effet ses particularités, ses atouts et ses faiblesses, et une expérience donnée n’est pas nécessairement réplicable dans un contexte différent. Qui plus est, un projet de transformation aussi radical du système alimentaire doit être préparée et construite avec le maximum de personnes concernées. Nous sommes convaincus que c’est la rencontre entre une volonté politique ambitieuse et un engagement citoyen fort qui assureront la réussite des projets locaux de résilience.

Les différents partenaires du projet ORSAT resteront bien sûr mobilisés pour, d’une part, aider et conseiller les collectivités déterminées à changer de modèle d’alimentation et, d’autre part, sensibiliser celles qui n’accordent pas encore une grande importance aux risques de défaillance du système actuel. Les municipales de 2020 seront à cet égard un moment fort, au cours duquel nous espérons porter les problématiques de résilience au cœur du débat public.

résilience alimentaire