billet d'humeur
Tiens, ça sent le sapin.
Humeur de mai 2019
Bonjour à toutes et à tous !
« Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! »
Voici le printemps ! »
Qui ne partage pas l’ivresse de Victor Hugo à l’orée des beaux jours ?
« Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. »
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. »
Approchons de ces bois rieurs et prenons une grande bouffée d’air !
« La campagne éperdue, et toujours plus éprise,
Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise
Envoie au renouveau ses baisers odorants. »
Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise
Envoie au renouveau ses baisers odorants. »
Mais ! Quelle est cette drôle d’odeur ?
Tiens, ça sent le sapin.
Littéralement : un tiers des espèces de conifères sont menacées d’extinction sur Terre. De même qu’un tiers des coraux, qu’un quart des mammifères et qu’un oiseau sur huit. C’est ce qu’ont rappelé les scientifiques de l’IPBES – l’équivalent du GIEC pour l’étude de la biodiversité – lundi dernier, suite à une semaine de réunion à Paris pour faire un petit bilan de la situation.
Risques d’extinction dans différents groupes d’espèces. La barre bleue indique le pourcentage estimé d’espèces menacées pour chaque groupe. Figure issue du résumé à l’intention des décideurs de l’IPBES.
Au total ce sont un million d’espèces qui pourraient s’éteindre dans les prochaines décennies. Un rythme 100 fois plus élevé que celui des dix derniers millions d’années, et qui s’accélère… En réalité, la crise actuelle est du même ordre de grandeur que les cinq extinctions de masse qu’a connues la vie depuis 500 millions d’années. Bienvenue dans la sixième.
En plus du risque d’extinction pur et simple, les effectifs des populations sauvages diminuent à toute vitesse : -60% pour les vertébrés en 40 ans d’après le WWF. De l’autre côté, notre espèce et ses copines continuent à prospérer, si bien que la biodiversité sur Terre commence à prendre une drôle d’allure.
Répartition de la biomasse des mammifères terrestres par espèce. Chaque carré représente une masse de 1 million de tonnes. Homo sapiens et ses animaux domestiques représentent 98% de la masse globale des mammifères terrestres. Les animaux sauvages, en vert, moins de 2%.
La faute à qui ?
Bon, sans surprise, l’appétit de certaines sociétés humaines est la principale cause de l’extermination en cours. Là aussi au sens propre, puisque la production de nourriture est le premier facteur à l’origine de la déforestation, de l’assèchement des zones humides, de la surpêche ou de la pollution des eaux.
Inversement, l’effondrement de la biodiversité risque de poser quelques problèmes niveau sécurité alimentaire. L’IPBES, à nouveau, souligne que plus des trois quarts des cultures vivrières mondiales dépendent des pollinisateurs sauvages et que la disparition de nombreuses variétés de plantes cultivées et d’espèces auxiliaires rend les agrosystèmes moins résilients face aux ravageurs et au changement climatique.
Pas de panique, tout le monde en profitera !
Et LGA dans tout ça ?
On comprend pourquoi cette crise de la biodiversité fait particulièrement écho aux travaux des Greniers d’Abondance. Améliorer les conditions de vie des autres espèces – en plus d’être un peu plus sympathique que de tout tuer – pourrait bien en retour empêcher les nôtres de trop dévisser lorsque la fête du « monde sans limites » sera finie.
Concernant l’agriculture, l’association Solagro – futur partenaire du projet ORSAT – a mis au point un indicateur des zones agricoles à haute valeur naturelle. Ce dernier prend en compte la diversité d’assolement (cultures et prairies), l’extensivité des pratiques (fertilisation minérale, rendements) et la présence d’habitats diversifiés pour les espèces sauvages (haies, bois, zones humides…).
Carte des zones agricoles à haute valeur naturelle (gris foncé) en France.
À gauche : 1970. À droite : 2000.
Et si ces zones agricoles favorables à de multiples formes de vie étaient aussi des exemples de systèmes résilients ? On espère bien en convaincre le maximum !