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billet d'humeur

Lga au salon de la résilience alimentaire.

humeur de mars 2020

Bonjour à toutes et à tous !

Au coeur de l’action, portés par leur quête de résilience et d’un monde sans extinction de masse, les Greniers sont allés glaner quelques bonnes idées à Paris. Parce que quand même, niveau résilience, cette petite commune se place là !

LGA au salon de la résilience alimentaire !

Chaque année depuis 150 ans, le Concours Général Agricole offre à une poignée d’animaux de ferme l’opportunité de rejoindre la capitale autrement que sous forme de steak.
 
L’espèce la plus représentée au salon reste bien sûr Homo sapiens, avec quelques 600 000 visiteurs aux provenances et aux physionomies les plus diverses, évoluant en semi-liberté sur un site de 20 hectares. L’animal mérite que l’on s’y attarde : le temps d’une demi-journée, nous nous sommes proposés de suivre le parcours d’un individu mâle blanc de carrure moyenne.

L’environnement d’Homo sapiens est très fidèlement reproduit : bitume, ciment, et lumière artificielle. Cela lui permet d’adopter un comportement proche de celui qu’on lui connaît dans son biotope de prédilection.

A peine pénétré la halle, l’humain agit de façon prévisible : il se précipite vers les zones dont l’accès lui est interdit, à savoir les espaces de vie d’autres espèces animales. Il serait tentant de voir en cet empressement l’illustration d’un trait typique d’Homo sapiens : son expansionnisme géographique. Toutefois, des expériences récentes remettent en cause cette hypothèse triviale.

En 2017, un humain a réussi à sortir de sa zone de parcage pour pénétrer l’espace de vie des moutons. A la surprise générale, il n’entreprit ni de les tuer, ni de couler une dalle de ciment sur la paille. Il prit un agneau dans ses bras, manifestant en ce geste une satisfaction évidente.

Ce comportement stéréotypé s’expliquerait en réalité par un « manque paradoxal » éprouvé par certains humains lorsqu’ils ont détruit toute forme de vie sauvage pour bâtir une steppe de béton.
 
Après avoir photographié chaque espèce non-humaine sur son smartphone, l’Homo sapiens s’en remet à son odorat pour dénicher sa première pitance bien méritée. La tâche est aisée tant son cadre de vie est fidèlement reconstitué.

En à peine cinq minutes, le voilà attablé chez McDonald, qui occupe une place de choix au milieu de la halle ! Les humains se montrent particulièrement vigilants à ce que les autres animaux n’empiètent par sur leur zone de parcours.

Repu, l’humain traverse d’un pas lourd les stands de la grande distribution, sans toutefois s’y attarder, puisqu’il prospecte déjà plusieurs heures par semaine ces réserves inépuisables de gibier et de plantes comestibles.

En France, 87 % des achats alimentaires sont réalisés dans les hyper discount et les enseignes de la grande distribution.

Tout à coup, l’hominidé sort de sa torpeur pour déchiffrer une annonce surprenante du puissant lobby français de la viande bovine, Interbev.

Campagne Interbev : « Aimez la viande, mangez en mieux » et son restaurant « Le Flexitarien ».

Pressé par l’agitation régnant autour du stand, et mû par un instinct mimétique primaire, l’humain souhaite lui aussi se joindre au mouvement, et devenir flexitarien ! Il découvre non sans fierté qu’il l’est déjà – en tous cas selon les critères d’Interbev. Cela ravive chez lui une petite fringale, si bien qu’il entreprend de compléter son BigMac d’une entrecôte flexitarienne.

Un plat flexi et équilibré : cinq feuilles de mâche et un steak de 350 grammes.

Poursuivant sa promenade culturelle, notre Homo sapiens croit apercevoir au loin un cochon rose et riant, gambadant sans vergogne sur le territoire humain ! Prêt à en découdre, il se rue sur lui.

Alors les enfants, d’où qui vient le boudin ?

Inaporc (lobby français de la viande porcine) se montre heureusement très rassurant quant au risque de voir un cochon gambader où que ce soit. En France, 95 % des 25 millions de porcs abattus chaque année sont élevés en bâtiment sur caillebotis sans accès à l’extérieur.

L’humain termine sa visite en se délectant des dernières merveilles technologiques dont son espèce a le secret.

Animations proposées au salon de l’agriculture 2020. Grâce à la technologie, il restera possible d’imaginer des abeilles longtemps après leur disparition. Une belle occasion de renouer les liens qui nous unissent à nos cousines.